L'exposition de l'artiste zurichoise Brigitte Lustenberger «What is love?» s'installe au Parc de la Torma pour au moins deux ans. Les quarante photographies géantes, portraits ou natures mortes, questionnent sur la fuite inexorable du temps.

Textes et photo: Valérie Passello
Les photos, imprimées sur de grandes bâches, sont alignées sur les 11'000 m2 du Parc de la Torma. Sur la quarantaine de clichés, une moitié représente des visages. Émergeant d'un fond noir, des personnages fixent l'objectif et, à travers lui, le spectateur. Comme pour l'interpeller silencieusement. Les regards sont profonds, graves, énigmatiques. Ils ne laissent pas indifférent. Sur les vingt autres images, des fleurs, des fruits, des végétaux en souffrance, proches de la décomposition.
Le chef montheysan du service de la culture Lorenzo Malaguerra commente: «Une photo peut être appréhendée immédiatement par tout un chacun. Autant les portraits, singuliers et sincères, que les objets atteints par le temps, nous renvoient à notre condition d'êtres humains. À la question de la disparition, aussi. Le travail de Brigitte Lustenberger n'est pas triste, il joue un rôle de miroir.» Faisant écho à l'histoire du lieu, ancien cimetière de la Ville, le travail de l'artiste offre aux promeneurs une porte d'entrée vers eux-mêmes.
Des photos et des tombes
Municipal des infrastructures, Gilles Cottet raconte: «C'est un endroit insolite. Avant, 1'800 tombes se trouvaient là. Cela nous a pris dix ans pour contacter les familles, dont certaines ne sont plus sur ce continent, afin de leur expliquer la pertinence de désaffecter le lieu. Il a aussi fallu les associer à la démarche, car beaucoup voulaient connaître la nouvelle vocation de l'endroit.» Ici et là, quelques stèles subsistent. Des traces du passé volontairement sauvegardées.
Lancée par l'artiste Faro, l'idée de base était de faire du Parc de la Torma «un cimetière de sculptures». En 2013, quelques œuvres signées Christophe Rihs y ont d'ailleurs été installées, alors que la Commune, elle, y aménageait ses serres. Mais le concept a évolué et c'est ainsi à la photographie que sera dorénavant consacré le lieu. Des cadres en fer ont trouvé leur place sur le terrain, ils accueilleront des images réalisées par des photographes suisses, sélectionnés par le service de la culture, tous les deux ou trois ans. «Cette première exposition est particulièrement en phase avec le parc, poursuit Lorenzo Malaguerra. Mais à l'avenir, les thèmes pourront être multiples. On peut imaginer des clichés en lien avec le paysage, la nature, la montagne ou encore l'industrie.»